Les Alternatives Catholiques

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Les catholiques dans la Cité. Eléments pour une antipolitique.

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Publié le 26 octobre 2013 3 commentaires

Les catholiques n’ont pas à faire de la politique comme tout le monde, car ils ne regardent pas la Cité comme tout le monde. Non pas qu’ils doivent se réfugier dans un discours aussi mièvre que prétentieux et inefficace. Au contraire. Ils doivent être suprêmement efficaces. Mais ce qui pour eux produit politiquement le plus d’effet, c’est-à-dire ce qui rend vraiment les gens heureux, n’est pas la même chose que pour les autres. Je voudrais essayer de montrer que pour les catholiques, ce qui peut rendre les gens heureux, c’est d’assurer les conditions du Salut (1) , ce qui a un sens très concret : protéger ce qui appartient et revient à Dieu – les corps, les esprits, les âmes -, de l’emprise de César. Dieu a créé le corps pour qu’il soit temple de l’Esprit saint, César a tendance à en faire un instrument de plaisir ou de guerre. Dieu a créé l’esprit pour qu’il l’honore par son intelligence, César voudrait que les intelligences obéissent à ses ordres, à son ordre. Dieu a créé l’âme pour qu’elle l’adore, César voudrait éduquer les masses pour sa propre glorification. On le verra plus loin, cette objectif politique se distingue du cléricalisme, qui ne veut pas assurer dans l’ordre politique les seules conditions du Salut, mais le Salut lui-même. 

Ainsi le catholique, qui garde dans la Cité humaine le regard fixé sur la Cité de Dieu, s’efforce de préserver l’œuvre de Dieu, pour favoriser son accomplissement. Cette tâche en quelque sorte négative, nous nous proposons de l’appeler l’antipolitique (2) : il s’agit de préserver les conditions du Salut, en empêchant la transformation des œuvres de Dieu (corps, esprits, âmes) en purs instruments du pouvoir politique. L’antipolitique, c’est la limitation de l’exercice du pouvoir politique à ce qui est strictement terrestre. L’antipolitique a une pensée de derrière, une pensée de jardinier : elle vise un but qui ne lui appartient pas, la croissance des œuvres de Dieu. Cette croissance est a des conditions terrestres, mais elle a une logique propre, divine, qui est du domaine de la Grâce. Malgré ce regard porté sur la Cité de Dieu, l’antipolitique a une finalité terrestre, la préservation de la dignité de la personne humaine. C’est ce qui la rend universalisable. Pour le dire en un langage contemporain : il s’agit de préserver dans l’ordre politique les conditions de la donation (3) de l’être humain en société. L’homme se donne comme corps, comme esprit, et comme âme, César voudrait en faire un instrument, aliéné au service de sa propre gloire, le catholique est invité à empêcher cette emprise. 

 


1 Il ne s’agit donc pas d’une manière de Salut politique de la Cité, car ce n’est pas le Salut lui-même qu’il s’agit de faire advenir, telle est l’œuvre de Dieu, mais bien seulement ses conditions. 

2 L’anti-politique n’est pas le contraire de la politique ni d’une politique particulière, c’est ce qui se pose devant le pouvoir politique, et en indique la limite. 

3 Ce texte est un effort pour montrer la fécondité de la phénoménologie de la donation de Jean-Luc Marion dans l’ordre politique.

 

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3 thoughts on “Les catholiques dans la Cité. Eléments pour une antipolitique.”

  1. Approche intéressante mais peut être un peu trop “anti” politique.

    Le parallèle avec le projet de la Cité de Dieu et sa distinction avec la Cité de César est important. La chose politique persiste que l’on adhère à une idée ou une autre. Certains, plutôt libéraux dans leur approche, visent un égalitarisme total (annihilant inexorablement la problématique de la dignité humaine et tendant à la normalisation… usant pour cela du mot “justice”), sous couvert que l’individu peut faire ce qu’il veut parce que tous sont égaux (et pas égaux en Droit, on ne parle pas d’un système qui soit une interface du vivre ensemble mais bien d’une idée de la Cité, d’une idéologie qui prône l’égalité transcendante et donc la négation des différences voir leur sanction), alors tout peut être effectué.

    Ne devrait il pas plutôt être question d’une restauration de la Cité en intégrant l’idé(al)e d’une vision où l’individu fait partie du monde, d’une communauté, partage un vivre ensemble et une sagesse ? Instinctivement, la France ayant en elle les trace d’une culture fortement chrétienne, son état la ramènera forcément à son héritage grâce à la philosophie, le débat, la charité (pour l’aspect matériel)…

    Voilà, petite contribution en passant,
    Bonne continuation

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