Penser l’après
Penser les questions de long terme, quand le court terme nous prend à la gorge, cela paraît toujours quelque peu déplacé. Dans le temps de la crise proprement dit – celui qui nous engage de manière immédiate – l’exercice peut sembler complètement vain, voire futile et indécent : un luxe réservé à ceux qui ne sont pas pris par l’urgence et les responsabilités les plus élémentaires – médicales, logistiques et alimentaires. Pourquoi une réflexion sur la crise écologique en pleine crise sanitaire ?
Certes il ne s’agit pas d’une nécessité vitale. Et nous nous devons d’être présents là où ces nécessités vitales se manifestent, partout où nous pouvons nous rendre utile – en donnant notre sang, en contactant les associations d’aide aux SDF, en rejoignant ceux qui s’occupent des plus démunis, en étant aux côtés des soignants… Mais nous comprenons aussi que les nécessités peuvent être hiérarchisées sans pour autant s’effacer, et que nous ne pouvons faire l’économie d’une réflexion plus large sur les causes, les composantes et les suites de la crise. Dans le présent, l’avenir nous engage.
On pourrait considérer que la crise sanitaire est une question d’aujourd’hui et la crise écologique une question de demain. Ce serait passer à côté de la réalité. D’abord parce que l’épidémie de Covid-19 nous rappelle que changements climatiques et risques sanitaires sont étroitement liés. Ensuite parce que cette crise sanitaire est riche d’enseignements pour le temps de l’« après », qu’il nous faut dès aujourd’hui intégrer : révélatrice de notre interdépendance avec le vivant et de notre interdépendance à l’échelle mondiale, révélatrice de l’état de notre société et de ses fragilités, du fonctionnement de notre économie et de son empreinte environnementale. En quoi avons-nous dès aujourd’hui des leçons à tirer de l’épidémie de Coronavirus pour notre engagement au service de la transition écologique ?
Le défi écologique est aussi un défi sanitaire
En premier lieu, la présente épidémie nous invite à replacer les risques sanitaires au cœur de nos réflexions sur la crise écologique, le déséquilibre croissant des écosystèmes étant aussi porteur de nouvelles menaces sur notre santé. Le changement climatique ne se limite pas à un sympathique petit réchauffement de température et à une montée des eaux le long des côtes : il s’agit d’abord d’un dérèglement global des écosystèmes, susceptible de multiplier les catastrophes naturelles et les épidémies, auxquelles devront faire face des populations fragilisées. À titre d’exemple, on parle de plus en plus des virus que pourrait libérer la fonte du permafrost – ces couches de sol gelées parfois depuis des millénaires dans les régions nordiques[1]. Plus largement, les pressions que nous continuons d’exercer sur le vivant sont porteuses de risques, que ce soit du côté de l’élevage intensif ou du point de vue de la destruction des habitats naturels. À l’inverse, nous savons que la destruction de la biodiversité dans des régions comme l’Amazonie nous prive de ressources inestimables du point de vue de la recherche médicale.[2]
L’exemple de la peste noire est particulièrement éclairant pour comprendre les liens entre changements climatiques et épidémie. En 2015, une corrélation a été établie entre les épisodes de peste du Moyen-Âge et différentes vagues de réchauffement du climat dans les plateaux tibétains. Cette hausse des températures aurait fait migrer une espèce de gerbille – porteuse de la maladie depuis des siècles – vers les plaines. Cette gerbille l’aurait ensuite transmise à l’homme via des puces, avant qu’elle ne se diffuse sur les chemins commerciaux de la Mongolie et de la Méditerranée, et que les rats ne jouent eux aussi leur rôle dans la transmission de l’épidémie en Europe[3].
Certes les épidémies n’ont pas besoin du changement climatique pour exister, mais nous comprenons bien que l’accélération actuelle des changements climatiques peut jouer un rôle nouveau dans leur apparition. Nous prenons conscience que les épidémies n’ont pas été remisées au placard depuis la peste noire et le choléra ; nous devons aussi prendre conscience que le changement climatique nous expose à de nouvelles menaces sanitaires.
« Crisis, what crisis ? »
Toute crise est d’abord un bouleversement, un réagencement du réel qui jette une lumière nouvelle sur le monde. L’épidémie de coronavirus et ses conséquences constituent autant de composantes d’une vaste crise porteuse de révélations multiples qu’il nous faut prendre le temps d’analyser en vue de lutter contre le changement climatique.
Nous nous redécouvrons fondamentalement reliés au vivant. Dans l’état actuel des recherches[4], le coronavirus aurait été transmis de la chauve-souris à l’homme par l’intermédiaire du pangolin, petit mammifère en voie d’extinction particulièrement prisé en Chine pour ses écailles utilisées dans la médecine traditionnelle, mais aussi pour sa chair[5]. Dans cette perspective, ce qui affecte à un moment donné des chauve-souris et un petit mammifère asiatique peut concerner ensuite l’ensemble de l’humanité. Nous partageons avec le reste vivant non seulement des milieux de vie mais aussi une partie de notre « matériel génétique ». Nous ne pouvons ainsi opposer la « préservation des espèces » et la « préservation de l’humanité ». Ce constat se traduit positivement, dans la préservation de l’environnement, par la « conscience amoureuse de ne pas être déconnecté des autres créatures, de former avec les autres êtres de l’univers une belle communion universelle », comme l’écrit le Pape François dans l’encyclique Laudato Si.
Nous redécouvrons la fragilité de nos sociétés modernes, nous qui avions le sentiment d’une forme de « toute puissance ». C’est peut-être ce qui a provoqué une sorte d’hébétude au début de l’épidémie : comment une « petite grippe » pourrait-elle mettre à l’arrêt notre économie, et pourquoi devrait-elle me mettre à l’arrêt moi, qui ne me sens pas concerné ? Les progrès technologiques ne peuvent pas nous préserver de tout et nous vivons une forme de choc psychologique collectif, qui donne un tout autre crédit aux discours des collapsologues sur les risques d’« effondrements ». Pour reprendre la célèbre phrase de Paul Valéry, « nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles ». Ce constat de fragilité peut nous aider à prendre au sérieux les discours sur la crise écologique, à condition que nous transformions cette prise en conscience en motivation pour agir.
Notre monde est plus que jamais interconnecté et nous sommes collectivement responsables. Le risque pandémique n’a sans doute jamais été aussi élevé, du fait du niveau actuel de globalisation. La crise du coronavirus nous place en situation de coresponsabilité au niveau mondial, de même que nous avons à faire face ensemble au changement climatique, qui engage un ensemble de « biens communs » (les océans, notre atmosphère, certaines réserves de biodiversité…). La mondialisation des crises ne pourra pas être minimisée par une simple « fermeture des frontières », comme certains voudraient nous le faire croire. Elle va nous appeler à une croissante et exigeante collaboration.
Suspendre notre activité, c’est aussi suspendre temporairement ses impacts néfastes sur l’environnement.C’est ce que nous voyons avec la diminution drastique de la pollution atmosphérique en Chine[6], suite aux mesures de confinement et au ralentissement de l’économie, et que nous commençons à mesurer localement dans des villes comme Lyon[7]. La crise sanitaire nous offre ainsi une démonstration grandeur nature des effets de notre mode de vie sur l’environnement, nous mettant au défi d’apporter demain des solutions réelles au problème.
La résilience de notre société est mise à mal par les inégalités qui la traversent, par une économie et une agriculture locales faiblement développées. La crise sanitaire actuelle pourrait contribuer à une prise de conscience de la fragilité de nos territoires face aux crises systémiques. Il est certain que les projets des futurs maires autour de l’autonomie alimentaire trouveront demain un écho particulier auprès des citoyens. Le confinement – en ramenant chacun chez soi – nous ramène aussi à nos inégalités sociales – entre les familles, mais aussi avec les personnes isolées ou sans domicile. À l’inverse, les élans de solidarité qui naissent de la crise sanitaire sont précieux et nous pouvons espérer qu’ils perdureront et pourront porter des fruits au-delà de la période que nous traversons.
Très intéressant et enrichissant, en regardant dans le rétroviseur de l’histoire, et assez loin, il faut que l’expérience nous fasse réfléchir sur les perspectives de notre monde de demain mais aussi et surtout sur celui que l’on construit maintenant.
Une partie de l’évolution, en particulier climatique, nous échappe, sans doute. Mais notre organisation par ses choix de développement nous incombe, voilà des éléments pour réfléchir et s’engager.
Bon… Article se fondant sur des poncifs médiatiques qui, au minimum relèvent de raccourcis, et en général sont totalement faux. Ainsi lier écologie, variation climatique et virus est une manipulation douteuse qu’aucune recherche sérieuse et reproductible ne vient étayer à ce jour. Mais ça entretien la peur. D’autre part, les effets du Sras Cov II ont été largement surévalués, nous le savons maintenant, à des fins mercantiles. Plusieurs commissions sont en cours au niveau de l’UE sur le sujet…
« Dans l’état actuel des recherches[4], le coronavirus aurait été transmis de la chauve-souris à l’homme par l’intermédiaire du pangolin » : Cette blague a été totalement invalidée depuis 2020, et je vous rappelle que déjà à l’époque de nombreux scientifiques avaient indiqué que cette piste était farfelue. La structure même du virus interdisait cette possibilité qui a pourtant été largement reprise par les principaux médias à la demande des Etats.
« Le changement climatique ne se limite pas à un sympathique petit réchauffement de température » : Eh bien si ! Dans l’Histoire, les Optimum ont toujours étaient bénéfiques à l’humanité. L’Optimum Romain a vu la température du bassin méditerranéen plus élevée de 5°C par rapport à la moyenne standard. Idem pour l’optimum médiéval. Si nous amorçons un optimum, ce qui en l’état n’est pas certain, puisque les températures sont en stagnation depuis plus de 10 ans (comme l’indique l’IPCC), nous aurons un réchauffement de seulement + à +4°C…. Rien d’extraordinaire et que du bénéfice à en attendre, notamment pour les cultures et le bien être.
Pour mémoire : la température standard de la Terre est de 15°C, et la température moyenne en 2020 est de 14.9°C (chiffres ONU / OMM)….
je vous conseil de lire le livre de S koonin, mathématicien spécialiste des modèles climatologique, anicien conseillé à l’environnement d’Obama, et qui explique très bien pourquoi il s’oppose aux théories du GIEC…
Bref, je m’arrête là. Votre article est très politiquement correct et faux sur trop de points…
Bien à vous,
Pierre (ingénieur, spécialiste des modélisation mathématiques / USA, maîtrise de théologie)
PS : je pense que vous n’aurez pas le courage de publier mon message, mais au moins la modération l’aura lu !