Double suicide des ยซ amants du Lutรฉcia ยป, lโADMD vient รฉclairer le dรฉbat sur ยซ lโeuthanasie ยป
Aprรจs lโรฉchec de leur manifestation nationale du 2 novembre qui avait vu sur toute la France moins de 3000 personnes se mobiliser, lโADMD vient de commettre une nouvelle erreur. Le double suicide de deux octogรฉnaires ร lโhรดtel Lutรฉcia ร Paris a relancรฉ la ยซย polรฉmique sur la fin de vieย ยป[1]. Ceux que lโon appelle les ยซย amants du Lutรฉciaย ยป ont en effet laissรฉ quelques lettres, qui sont autant de manifestes pour une lรฉgalisation du suicide assistรฉ. Jean-Luc Romero a pu se servir de cet รฉvรฉnement pour promouvoir son combat ร une heure de trรจs grande audience[2].
Or on ne savait pas que le suicide assistรฉ รฉtait son combatย ! On croyait que le suicide assistรฉ รฉtait un combat de marginaux rรชvant dโune sociรฉtรฉ aseptisรฉe, oรน lโon pourrait mourir comme on dit au revoir. Cโรฉtait oublier que Michel Lee Landa, le fondateur de lโADMD rรชvait lui aussi de ยซย de mourir un soir dโรฉtรฉ ร la campagne, au coin du feu, lโhiver, en regardant la tรฉlรฉvision ou en รฉcoutant Bachย ยป[3]. Le suicide assistรฉ est en effet dรจs lโorigine, et encore aujourdโhui[4], le combat de lโADMD. Car cโest une seule et mรชme logique qui mรจne lโADMD, celle de la libertรฉ individuelle, et non celle du soin inconditionnรฉ des personnes. Le titre du dernier ouvrage de JL Romero est en effet ยซย Monsieur le Prรฉsident, laissez-nous notre ultime libertรฉย ยป, et nonย ยซย Prenez-soin de nousย ยป.
Cโest lโassistance au suicide par la mรฉdecine qui est promu, quโelle vise ร supprimer des souffrances atroces (ยซย euthanasieย ยป) ou bien quโelle rรฉponde ร un vลu libre et รฉclairรฉ de mourirย (ยซย suicide assistรฉย ยป). Dans les deux cas, cโest la libertรฉ individuelle qui est mise en avant, la souffrance nโest pas nรฉcessaire pour que lโassistance au suicide soit mise en ลuvre. Mais il est vrai que la souffrance, donc lโeuthanasie, est un argument percutant pour les promoteurs de lโassistance universelle au suicide.
En exaltant le mythe romantique de ยซย la mort des amantsย ยป dans le double suicide des octogรฉnaires du Lutรฉcia, JL Romero et lโADMD montrent que pour eux le suicide vaut en lui-mรชme, que la souffrance est une question connexe, voire un argument persuasif. Cโest donc leur projet de sociรฉtรฉ qui se dรฉvoile un peu plusย : non pas une sociรฉtรฉ oรน lโon prend soin des personnes parce quโon estime quโelles ont une dignitรฉ par dรฉfinition inaliรฉnable, mais une sociรฉtรฉ oรน le suicide est en libre-accรจs. Nous sommes donc placรฉ devant un choix de sociรฉtรฉ, et non seulement devant lโouverture dโun droit individuelย : voulons-nous dโune sociรฉtรฉ oรน nos proches, nos parents, nos enfants, pourraient librement se donner la mort grรขce ร lโassistance de la mรฉdecineย ? Voulons-nous dโune sociรฉtรฉ oรน lโassistance au suicide serait un service public comme un autreย ?
Depuis lundi le dรฉbat est enfin posรฉ correctement. Cโest celui de lโassistance au suicide, et non celui, รฉmouvant, de quelques cas extrรชmes que lโon ne saurait rรฉsoudre en quelques mots, et pour lesquels dโailleurs on nโest jamais certains dโavoir des informations fiables tant les grands cas mรฉdiatiques sont souvent tissรฉs de fil blancโฆ et bleu.