Je vous ai écrit, jeunes gens, parce que vous êtes forts, que la parole de Dieu demeure en vous et que vous avez vaincu le mauvais (1 Jean 2.14)
Qu’ils nous semblent lointains ces êtres d’une autre terre, d’une autre culture, aux noms étranges et étrangers (Assyriens, Chaldéens…) Le Moyen Orient se trouve pourtant à quelques heures de vol seulement, ses habitants sont des hommes du XXIème siècle, nos contemporains, donc, et nos voisins. Ces martyrs viennent nous rappeler, à nous jeunes, les fondements de la foi et de l’Église ; leurs souffrances sont autant de cris de désespoirs et d’alerte envers les Occidentaux.
Ces martyrs sont parfois très jeunes. La foi n’est pas affaire de vieillards repentants et craintifs. Nous ne suivons pas quelque Zarathoustra à la barbe blanchissante mais Jésus Christ, homme dans la force de l’âge. La vierge Marie était une toute jeune femme, pourtant son audace et son intelligence surpassent celles des sages et des savants. Nous autres jeunes, avons-nous reçus passivement notre titre de Chrétiens ? Notre rôle est-il aujourd’hui celui de jeunes laïcs engagés ou de décoration de fond d’église, se rapprochant dangereusement du pot de fleur ou du bénitier croupissant ? Nous ne sommes jeunes que lorsque nous pouvons encore donner : notre jeunesse, si elle se passe assise sur un canapé, l’ordinateur sur les genoux, a des relents de maison de retraite aseptisée.
Les Chrétiens d’Orient nous rappellent la fragilité de nos vies et la grandeur de notre foi. Malgré leur jeunesse qui serait une excuse compréhensible pour renier leur baptême, ils tiennent bon. Leur foi, parce qu’elle est martyrisée, nous invite à vivre pleinement cette foi qui nous est commune. Jeunes Occidentaux, allons-nous à la messe pour discuter sur le parvis ou pour rencontrer, en cœur à cœur, le Christ ? La foi n’est pas une expérience mondaine, vécue comme un code social, mais d’un feu dévorant qui nous pousse à dépasser les limites de l’aveuglement et de la peur, à être convaincus que le monde sera sauvé par le Christ. À nous de nous interroger : l’Apocalypse est-elle une fable lue lors de quelques dimanches par an ou une certitude ; l’horizon de notre humanité, son but lui-même ?
Fontaine de jouvence par le sang des martyrs, les chrétiens d’Orient sont aussi une leçon d’universalité. Ils nous invitent à voir au-delà des formes, rituelles par exemple, combien le Christ peut habiter toutes les civilisations. Aussi faut-il concevoir, si l’Église est universelle et catholique, qu’il n’existe pas une forme de culte supérieure à une autre, que les débats entre messe traditionnelle et messe charismatique sont aussi stériles qu’aveuglants. Nous entrons parfois dans une forme de pharisianisme qui manque singulièrement de charité. Ces chrétiens au culte quelque peu différent meurent au nom du même Seigneur. Pour reprendre un chant des plus contestables, nous sommes un peuple de frères, un peuple de partage. C’est notre charité qui se voit aujourd’hui réveillée. La charité universelle se trouve-t-elle au sein de nos paroisses ? Se trouve-t-elle aussi entre pays ? Avons-nous pensé à donner aux fondations pour les Chrétiens d’Orient, lorsque nous avons fièrement abordé le noun sur Facebook ? Avons-nous pensé à nous réconcilier avec nos frères les plus proches, lorsque nous avons vu nos frères lointains souffrir par la cruauté bestiale ?
Soyons jeunes comme l’Eglise est jeune, courageux et priants comme nos frères martyrisés, charitables comme eux. Et surtout, prions pour eux.