Nous publions un extrait du discours du Saint Père, le Pape Benoit XVI, du 19 janvier 2012
« Plus ou moins perçue, chaque culture a un point de vue spécifique sur la nature du bien et du mal, et donc sur ce qu’est le bien-être de l’homme. Ce ressenti […] plonge ses racines sur une conception du monde fondée sur la foi, mais aussi sur des principes éthiques découlant du Dieu de la nature. Mais ces principes sont aujourd’hui fortement érodés par de puissants courants culturels qui s’opposent frontalement aux principes moraux judéo-chrétiens, et sont de plus en plus hostiles au christianisme… A temps et contretemps, l’Eglise […] doit annoncer l’Evangile, et proposer ses vérités morales immuables qui sont indispensables au bonheur social et personnel… Avec sa longue tradition de respect du juste rapport entre foi et raison, l’Eglise a un rôle critique à jouer contre des courants qui, au nom d’un individualisme effréné, entendent promouvoir une liberté distincte de la morale. Elle doit défendre un raisonnement moral fondé sur la loi naturelle, qui n’est pas une menace de notre liberté mais un langage permettant de comprendre notre être, et sur lequel on peut bâtir un monde plus juste et plus humain… Le témoignage de l’Eglise, qui est aussi de nature publique, entend convaincre au moyen d’arguments rationnels. La juste séparation de l’Eglise de l’Etat ne peut être interprété comme un devoir de silence face à certains sujets, ni que l’Etat n’ait pas à entendre ce que les chrétiens ont à dire sur ce qui décidera le sort de la société ».
« A la lumière de ces considérations, il est impératif que la communauté catholique […] ait conscience des graves périls que court le témoignage public de l’Eglise en matière morale, face à un laïcisme radical croissant dans le monde politique et social… […] Beaucoup d’entre vous m’ont signalé des tentatives de rejeter le droit à l’objection de conscience de fidèles ou d’institutions catholiques face à des pratiquement intrinsèquement mauvaises, ainsi qu’une tendance croissante préoccupante à réduire la liberté religieuses à l’exercice du culte, sans garantie de la liberté de conscience… On a donc besoin d’un laïcat catholique bien formé et courageux, au fort sens critique de la culture dominante, qui se dresse face à un sécularisme réductif qui voudrait délégitimer la participation de l’Eglise au débat public sur les questions fondamentales… Je tiens à saluer vos efforts pour maintenir le contact avec les fidèles qui se consacrent à la politique, afin de les renforcer dans leur responsabilité personnelle face aux choix et dans celle de témoigner de leur foi publiquement, en particulier dans le respect des grands principes que sont la défense de la vie, la dignité de la personne, la diffusion des droits humains véritables…
Toute personne réaliste ne peut ignorer les difficultés actuelles de l’Eglise. Mais ceci ne doit pas nous empêcher de croire nécessaire la préservation d’un ordre social enraciné dans la tradition judéo-chrétienne, et de croire dans une nouvelle génération de catholiques dont l’expérience et les convictions seront décisives pour maintenir et raviver le témoignage de l’Eglise dans la société […]. Ces signes des temps doivent encourager une mobilisation les forces intellectuelles et morales de la communauté catholique au service de l’évangélisation de la culture et de la civilisation de l’amour ».