VISITATION DANS LES CAMPS
ยซย Il ne faut pas rencontrer les ministres et tout รงa mais des gens, des gens, des gens.[1]ย ยป
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Erbilightย ? La guerre en Irakย ; la fuite de minoritรฉs religieuses vers le Kurdistanย ; un jumelage entre Lyon et Mossoulย ; un projet fou du Cardinal Barbarinย ; un aller-retour en Irak pour presque 90 Franรงais le premier week-end de dรฉcembreย ; 5 camps de rรฉfugiรฉs visitรฉsย ; une procession mariale, des distributions de papillotes et de mรฉdailles miraculeuses, une vingtaine de journalistes sur place, un buzz sur Twitter, des sourires et des larmes, un peu plus de fraternitรฉ entre lโOrient et lโOccident chrรฉtiens, une situation humanitaire quโon ne peut plus ignorer.
ยซย Votre visite nous rappelle que nous sommes certes persรฉcutรฉs, mais jamais oubliรฉs.ย ยป
Mgr Warda, archevรชque dโErbil.
Samedi 6 dรฉcembre 2014, au matin, les quelques minibus qui nous feront parcourir de long en large le faubourg dโAn Kawa, en bordure dโErbil, sโarrรชtent aux abords dโun large bรขtiment, inachevรฉ mais dรฉjร surpeuplรฉ. Nous nous apprรชtons ร visiter notre premier centre de rรฉfugiรฉs. Dans cet immeuble, encore en construction grรขce aux aides des fondations Mรฉrieux et Saint Irรฉnรฉe, quarante piรจces ont รฉtรฉ construites au premier รฉtage. Certaines portes viennent ร peine dโรชtre posรฉes, permettant ainsi ร chacune de la quarantaine de familles hรฉbergรฉes de disposer dโune certaine intimitรฉ. Ces chambres, piรจces uniques dont la taille varie selon la famille qui y vit, sont juste assez spacieuses pour y aligner la nuit lesย matelasย qui sont empilรฉs le long du mur pendant la journรฉe. Selon que les familles ont pu transporter des meubles et quelques affaires en fuyant en voiture, ou quโelles ont tout abandonnรฉ en partant ร pied, le mobilier est plus ou moins รฉtoffรฉ. Les habitants de lโimmeuble ont dรฉjร vu plusieurs groupes dโOccidentaux sโarrรชter, prendre quelques clichรฉs et repartir aussitรดt, frileux devant la rencontre. Nous allons prendre le temps de sรฉjourner parmi eux, en commenรงant par รฉchanger nos prรฉnoms et des sourires, offrir des papillotes aux enfants et tenter de converser avec les parents. Faute de langue commune, la plupart du temps les รฉchanges sont on ne peut plus simples. Nous parlons ยซย le langage du cลurย ยป, expression chรจre ร notre pape.
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ยซย 40 familles par รฉtageย : ils seront bientรดt 2000 ร vivre ici.ย ยป, twitte @CardBarbarin.
Je suis invitรฉe, avec dโautres, ร entrer chez Kourgia et Sahar. Ils sont parents de quatre grands enfants, deux filles puis deux garรงons. Ils habitaient aux alentours de Mossoul. Quelques jours avant la prise de la ville par Daech, en juin, ils avaient cรฉlรฉbrรฉ le mariage leur fille aรฎnรฉe, Iman. Tous ont fui vers Qaraqosh. En aoรปt, quand Daech a envahi Qaraqosh, ils ont repris la route, ร pied, jusquโร cette banlieue dโErbil. Iman vit avec son mari dans Erbil, et rend de frรฉquentes visites ร ses parents. La seconde, Eveleen, a dรป interrompre les รฉtudes de management quโelle poursuivait ร Mossoul car lโuniversitรฉ dโErbil est beaucoup trop pleine dโรฉtudiants pour quโelle sโy inscrive. Ensuite vient un fils, Ivan, qui est sรฉminariste et รฉtudie au sรฉminaire dโAn Kawa. Enfin, Alan vient dโรชtre diplรดmรฉย ; il a passรฉ plusieurs mois en รฉchange universitaire aux Etats-Unis et son anglais nous permet dโavoir une vraie conversation. Malgrรฉ son diplรดme, sa recherche dโemploi est encore infructueuse. Le mobilier dont dispose cette famille a รฉtรฉ achetรฉ ร leur arrivรฉe ร Erbil. Des couvertures recouvrent leurs affaires, en guise de rangement, comme dans toutes les piรจces habitรฉes par des rรฉfugiรฉs. Ils nous expliquent que les sanitaires sont insuffisants, en particulier lโeau chaude. Eveleen se tient tout contre un petit chauffage รฉlectrique qui rougeoie au milieu de la piรจce. Le week-end de notre ยซย visitationย ยป, particuliรจrement chaud et clรฉment, nโest pas reprรฉsentatif du froid qui rรจgne en cette saison, et qui nรฉcessiterait davantage de chauffage. Sahar, Kourgia, Alan et Eveleen nous offrent un thรฉ bien chaud et sucrรฉ, avec des gรขteaux sortis dโune boรฎte. A nous tous, nous sommes presque une dizaine dans leur ยซย chambreย ยป, assis sur leurs matelas ร mรชme le sol, paisibles et profondรฉment dรฉsireux de communier, ร dรฉfaut de communiquer parfaitement. Nous nous quittons aprรจs avoir priรฉ ensemble, chacun dans sa langue.
Des ouvriers transportent des parties de cloisons et des vitresย : on est en train de construire des piรจces habitables dans les รฉtages supรฉrieurs de lโimmeuble, pour reloger dโautres rรฉfugiรฉs qui, ร lโheure actuelle, sont sous des tentes. Le temps presse. Les hommes hรฉbergรฉs ici mettent la main ร lโouvrage. Si les fonds viennent de la rรฉgion lyonnaise, la construction est lโลuvre des Irakiens. Cette coopรฉration prend tout son sens dans le cadre du jumelage entre Lyon et Mossoul. Cโest non seulement le diocรจse, mais aussi la ville de Lyon et la rรฉgion Rhรดne-Alpes qui sont impliquรฉs dans le soutien aux anciens habitants de Mossoulย ; ainsi, une รฉlue de la mairie et une รฉlue du conseil rรฉgionalย sont prรฉsentes dans notre dรฉlรฉgation. Quant au Cardinal Barbarin, il sโest engagรฉ ร poursuivre le jumelage diocรฉsain tant que les rรฉfugiรฉs ne pourront rentrer chez eux. Il vit dโailleurs personnellement cette amitiรฉ spirituelle et ce soutien en disant chaque jour le Notre Pรจre en aramรฉen, la langue parlรฉe par les habitants de la plaine de Ninive et les Chrรฉtiens locaux, langue directement issue de celle que parlait le Christ.
ยซย Notre vie ici est une vie inhumaine.ย ยป
Un jeune prรชtre ร An Kawa Mall.ย
Le hall dโentrรฉe dโAn Kawa Mall. Photo dโ@Erbilight.
Aux alentours de midi, ce 6 dรฉcembre, nous sommes invitรฉs ร dรฉjeuner par les habitants du camp dโยซย An Kawa Mallย ยป. Nous marchons jusquโau perron et, dans la bรฉance de lโentrรฉe, entourรฉs dโadultes accueillants et dโenfants curieux, nous entendons un responsable du lieu nous expliquer ce que nous allons voir. ยซย Notre vie ici est une vie inhumaineย ยป, clame le jeune prรชtre. ยซย Les rรฉfugiรฉs ici sont pauvres, faibles car ils ont perduโฆ tout. Dans leurs villages ils avaient leurs biens mais lร , ils ont tout perdu.ย ยป Lโun dโentre eux nous fait bien remarquer que ses habits sont trop grandsย : ce ne sont pas les siens, on les lui a donnรฉs. ยซย Ils sont sans maison, sans รฉlectricitรฉ, sans eau, ont peu de nourriture. La solution cโest quโils retournent chez eux.ย ยป Qui voudrait, en effet, demeurer iciย ? Le bรขtiment, immense, devait devenir un centre commercial, en tรฉmoignent les escalators immobiles au fond du hall. Mais, dans son inachรจvement, le centre commercial est peu ร peu transformรฉ en lieu de vie pour environ 400 familles, donc autour de 1200 personnes. ยซย Comme rรฉfugiรฉs, nous avons besoin de tout ce qui fait partie de la vie quotidienne. La seule solution cโest de faire remonter notre voix vers nos responsablesย ยป, dit encore le prรชtre. De fait, le lieu a la grisaille dโune structure bรฉtonnรฉe inachevรฉe et sombre et nous apprendrons en partant que si nous avons eu de lโรฉlectricitรฉ deux heures de suite, cโest parce que la ville avait รฉtรฉ prรฉvenue quโun groupe de Franรงais passerait un long moment dans ce centre commercial, oรน il y a bien rarement du courant.
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Repas prรฉparรฉ par une famille du camp dโAn Kawa Mall.
(photo dโ@CardBarbarin)
Les familles de ce centre nous accueillent pour dรฉjeunerย ; pour quโelles en aient les moyens, Kalil, lโorganisateur sur place de notre voyage, leur a distribuรฉ la veille 400 kg de viande, 400 kg de farine, 400 kg de haricots, etc. Certains ont dรฉjร consommรฉ ces quelques denrรฉesย : ils avaient faim. Aprรจs plusieurs discours dโaccueil, nous montons ร lโรฉtage, un labyrinthe de cloisons dressรฉes pour isoler chaque famille, sans toutefois les protรฉger du froid car les murs ne montent pas jusquโau plafond. Nous sommes accueillies ร deux chez Shant et sa mรจre, qui nous a prรฉparรฉ un plat de riz, de haricots et de viande bouillie. Elle nous en sert dโabondantes assiettes, sur un bout de toile cirรฉe posรฉe au sol. Une tรฉlรฉ trรดne dans la piรจce, diffusant les pieuses images dโune chaรฎne chrรฉtienne libanaise. On reconnaรฎt ร lโรฉcran certains sanctuaires mariaux franรงais. Nous rencontrons une famille endeuillรฉeย : Shant a perdu son pรจre dโune maladie et je comprends que sa sลur aussi est ou a รฉtรฉ malade, mais impossible de saisir si elle estย รฉgalement dรฉcรฉdรฉe. Le jeune homme de 19 ans nโa pas eu le temps de terminer sa scolaritรฉ au lycรฉeย : Daech est arrivรฉ, cโรฉtait trop tard. Des voisins entrent pour sโasseoir avec nous, avec une petite niรจce dโร peine un an, pleine dโรฉnergieย : Valentina. Ses jeux innocents apportent un peu de gaietรฉ. A la fin du repas, autour dโun thรฉ chaud, nous prions tour ร tour puis รฉchangeons des chapeletsย : les leurs รฉtaient jusque-lร accrochรฉs au mur et les nรดtres ont รฉtรฉ apportรฉs dans lโavion avec les papillotes, les mรฉdailles miraculeuses et ces cartes ยซย Merci Marieย ยป spรฉcialement รฉditรฉes en arabe pour ce 8 dรฉcembre irakien. Nous nous quittons en plaisantant sur une question essentielleย : les enfants ร marier, car malgrรฉ tout la vie continue. Mais dans son discours de bienvenue, le prรชtre irakien a bien exprimรฉ ses craintes pour lโavenirย : ยซย Plus la crise continue, plus on perd des chrรฉtiens. Les chrรฉtiens sont ร lโorigine de ce pays-lร mais la crise qui le touche fait quโils sont partis. Si la situation dure davantage, on risque de voir un pays sans chrรฉtiens.ย ยป Quant ร nous, nous sommes bouleversรฉs par lโaccueil que nous avons reรงu de ces dรฉracinรฉsย : si nous-mรชmes perdons notre richesse demain, comme eux, serons-nous prรชts ร recevoir des invitรฉs au cลur de notre misรจre, par terre, humblement, comme nos hรดtes viennent de le faireย ?
ยซย Il nous est impossible dโentrer dans la joie de la fรชte, loin de notre lieu.ย ยป
Mgr Petros Mouchi, archevรชque de Mossoul.
Notre samedi aprรจs-midi est consacrรฉ spรฉcifiquement au soutien spirituel de nos amis Irakiens, en particulier des chrรฉtiens. En effet, nous allons prier ensemble. Nous nous rendons au camp de tentes รฉtabli autour de lโรฉglise Mar Elias, Saint Elie. Les rรฉfugiรฉs qui nous accueillent ici nโont pas encore pu bรฉnรฉficier de ces prรฉfabriquรฉs que lโon a vus dans dโautres camps. Les tentes de bรขche bleue sont isolรฉes au mieux de la pluie, grรขce ร des tranchรฉes et des remblais de terre, mais le froid transperce tout. Nous apercevons ร lโintรฉrieur quelques lits superposรฉs et le maigre mobilier amรฉnagรฉ le mieux possibleย ; un homme travaille sur un ordinateur, dans un coin, assis sur un tapis, et un petit enfant joue ร ses cรดtรฉs. Il y a parfois plusieurs familles par tente, apprenons-nous. A lโentrรฉe du camp, une tente plus petite abrite une sainte famille, rรฉfugiรฉe elle aussiย : une crรจche que nous illuminerons dรจs la nuit tombรฉe. Nous cรฉlรฉbrons la messe ensemble, dans une alternance de franรงais, dโaramรฉen et dโarabe. Puis nous allumons cierges et lumignons. Nous sommes prรชts pour une procession dans les rues dโAn Kawa.
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Dans le camp de Mar Elias, une crรจche nommรฉe ยซย Tente de Jรฉsusย ยป en arabe.
Au second plan, les rรฉfugiรฉs et quelques unes de leurs tentes.
Derriรจre, on aperรงoit les maisons dโErbil.
(photoย dโ@Erbilight)
Puisque nos diocรจses sont jumelรฉs, nous nous devons de partager la trรจs grande grรขce quโest pour Lyon la fรชte de lโImmaculรฉe Conception, liรฉe dans notre histoire ร la sauvegarde de notre ville par la Vierge Marie. Si Notre-Dame de Fourviรจre exerce une protection particuliรจre sur notre diocรจse, cette protection sโรฉtend naturellement au diocรจse de Mossoulย ; voilร le sens profond de la procession mariale que nous allons vivre en ce samedi soir, et de la statue que nous offrirons ce dimanche ร la paroisse Saint Joseph dโAn Kawa, une rรฉplique dโ1m20 de la Vierge dorรฉe qui surplombe la colline de Fourviรจre. Notre procession dรฉbute ร lโรฉglise Saint Joseph, au centre du quartier chrรฉtien, par une longue priรจre ponctuรฉe de discours en prรฉsence des nombreux รฉvรชques irakiens et franรงais, rรฉfugiรฉs et visiteurs. Monseigneur Petros Mouchi, lโarchevรชque de Mossoul, nous a expliquรฉ ร An Kawa Mall quโil y avait, ร Qaraqosh et dans les villages alentour, 40 000 ร 50ย 000 Chrรฉtiens. Le diocรจse a disparu, si bien quโil y a beaucoup dโรฉvรชques et peu dโouailles. Selon lui, ยซย Daech a mis en pรฉril toute la situation pacifique de notre rรฉgion. Les chrรฉtiens de la plaine de Ninive ont tout laissรฉ pour garder leur foi et leur morale chrรฉtiennes.ย ยป Alors tous ces responsables religieux prient et se soutiennent intensรฉment, suivis par la foule de fidรจles que nous formons, pรจlerins franรงais et rรฉfugiรฉs irakiens ensemble. A la fin de notre procession, on projette sur grand รฉcran la vidรฉo adressรฉe par le pape Franรงois aux chrรฉtiens irakiens, quโil aurait aimรฉ rencontrer directement. Le discours du saint pรจre, discours de compassion et dโencouragement, nโoublie pas le caractรจre universel des persรฉcutions en cours, qui ne touchent pas seulement des chrรฉtiens ou des yรฉzidis, mais nombre de minoritรฉs qui subissent des ยซย violences inhumaines, ร cause de leur identitรฉ ethnique et religieuse.ย ยป
Enfin, Monseigneur Petros Mouchi, tout en accueillant dโun cลur large lโinitiative de notre dรฉlรฉgation lyonnaise, a exprimรฉ son regret de ne pouvoir se rรฉjouir pleinement du mystรจre que nous nous apprรชtions ร cรฉlรฉbrer ensembleย : ยซย Cโest loin de notre hรฉritage que vous nous demandez de cรฉlรฉbrer votre admirable fรชte[2]. Non, cโest impossible dโentrer dans la joie de la fรชte loin de notre lieu.ย ยป Lโarchevรชque de Mossoul nโest pas le seul ร nous dire sa tristesse de ne pouvoir se joindre de tout cลur ร notre cรฉlรฉbrationย : dโautres personnes visitรฉes sโen excuseront aussi. Comme nous le fera justement remarquer le cardinal Barbarin ร la fin de notre sรฉjour, en discutant avec les rรฉfugiรฉs, nous nous trouvons ร plusieurs reprises face ร Rachel qui pleure ses enfants et ne veut pas รชtre consolรฉe[3]. ยซย Chers amis, concluait lโarchevรชque irakien, ce que je vais vous dire nโest pas une exagรฉrationย : cโest par lโaide de notre Seigneur que nous allons nous en sortir.ย ยป Et comment penser autrementย ? Le retour chez eux est improbable, ร vue humaine. Lโรฉmigration en Europe, rรฉservรฉe ร une minoritรฉ. Enfin,ย lโinstallation actuelle chez les Kurdes est doublement insatisfaisanteย : les minoritรฉs rรฉfugiรฉes ne se sentent pas chez elles au Kurdistan et ne souhaitent pas sโรฉterniser dans ces camps invivables. Mais oรน allerย ? Qui les sortira de cette impasseย ?
Nous pouvons continuer ร prier.
A suivre.
La semaine prochaine,ย les rรฉfugiรฉs et nousย : ยซย Erbilight 4ย : Quโespรจre-t-on ร An Kawaย ?ย ยป
[1] Une exhortation de Mgr Sako au cardinal Barbarin, lors de sa visite en Irakย en juillet dernier.
[2] La fรชte de lโImmaculรฉe Conception, que lโon cรฉlรจbre le 8 dรฉcembre, trรจs importante ร Lyon, et que nous avons fรชtรฉe par anticipation avec nos frรจres irakiens le samedi 6 dรฉcembre.
[3] Image vรฉtรฉrotestamentaire employรฉe par lโรฉvangรฉliste Matthieu pour exprimer la dรฉtresse extrรชme causรฉe par lโabsurde ยซย massacre des innocentsย ยป, Mt 2, 18.
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