Voici un petit texte de Gaultier, concernant le « mariage pour tous » :
L’actuelle définition du mariage donnée par le Ministère de la Justice – « Le mariage est un acte public, juridique et solennel par lequel un homme et une femme s’engagent l’un envers l’autre dans la durée, devant et envers la société, pour fonder ensemble un foyer » – repose sur ces trois principes : altérité sexuelle (on ne marie pas des hétérosexuels, on marie un homme et une femme), stabilité (engagement « dans la durée ») et fécondité (fondation d’un « foyer », c’est-à-dire d’une famille). Ainsi, on peut dresser l’équation suivante :
« Mariage = altérité + stabilité + fécondité »
Dès lors, instituer le « mariage pour tous » revient à instaurer le « mariage pour personne », puisque ouvrir le « mariage » à deux personnes de même sexe, c’est amputer l’équation de son premier et de son dernier élément (pas de fécondité sans altérité), c’est vider de sa substance l’institution du mariage, c’est donc le vouer à n’être plus qu’une coquille vide, une chimère législative, une bizarrerie sociale, se marier n’ayant plus ni intérêt (puisque le Pacs l’aura définitivement rattrappé, s’imposant comme le contrat de base des ménages), ni même raison d’être (puisque le mariage civil aura perdu sa vocation fondatrice d’encouragement politique et fiscal à la natalité et à la stabilité éducative, au service de l’intérêt de l’enfant). Ce déséquilibre dans l’équation originelle – « Mariage = stabilité (éducative) + altérité (sexuelle) » – est pourtant moins l’effet que la cause de la revendication du « mariage pour tous » : c’est en effet le fait d’avoir déjà entamé la dénaturation du mariage civil en le rendant de plus en plus instable (« 1 mariage = 1/2 divorce ») et de moins en moins fécond (« 1 mariage < 2 enfants »), qui rend envisageable et de moins en moins choquant le projet de « mariage » pour deux hommes ou deux femmes. Autrement dit, soit le mariage est ce qu’il doit être – le fondement le plus solide de l’organisation sociale et la condition de sa perpétuation tranquille (restant fidèle et fécond : « mariage pour (le bien de) tous ») -, soit il perd son sens et sa consistance et il n’est plus (devenant précaire et stérile : « mariage pour (le bien de) personne »).
Du coup :
1) défendre le mariage comme fondement de l’équilibre social implique d’abord de le vivre mieux comme tel.
2) les revendications d’une minorité médiatiquement et politiquement efficace concernant les unions de deux personnes de même sexe visent moins à ouvrir le mariage à tous qu’à le fermer à chacun, projet libéral-libertaire de précarisation consentie des solidarités et des héritages familiaux
3) une fois évacuée l’altérité sexuelle , une fois enclenchée la transformation de l’institution du mariage en contrat interindividuel « à l’amiable » (au détriment des enfants qui naîtront par mégarde de ces liens volontairement provisoires), ne reste plus que le principe de fécondité, que les personnes de même sexe contournent déjà à travers des techniques de procréation artificielle et indirecte.
La légalisation de l’adoption par les personnes de même sexe devrait alors donner le coup de grâce à l’institution du mariage, définitivement caduque, en séparant totalement la conception de l’enfant de son éducation (le biologique du culturel), en instituant un inique « droit à l’enfant » qui, au lieu de donner légitimement une famille à un enfant orphelin, prétendra donner un enfant à n’importe quel groupe d’individus constitué, en faisant de la parentalité un responsabilité à la carte, provisoire, élastique et arbitraire. Projet mercantilo-totalitaire où le petit humain conçu dans une machine sera bientôt étiqueté et vendu à l’encan sur le marché de l’enfant parfait ?
Welcome to this brave New World !