Les Alternatives Catholiques

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L’apathie est une utopie (1)

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Publié le 15 février 2014 1 commentaire

Hier, jeudi 13 février 2014, la Belgique a légalisé l’euthanasie pour les mineurs. Les Pays-Bas avaient ouvert en 2002 cette voie sans issue, en fixant toutefois une condition d’âge (12 ans minimum). Désormais, en Belgique, les enfants et adolescents atteints de maladie incurable et subissant « des souffrances physiques insupportables » pourront demander l’euthanasie, avec l’accord de leurs deux parents, sans limite d’âge donc. A partir de quel âge l’équipe médicale, un psychologue ou un psychologue jugeront-ils que le petit patient en phase terminale est “en capacité d’apprécier toutes les conséquences” de sa demande ? A 6, 7, 8 ans ?

– Tu as compris, Nicolas, tu ne te réveilleras pas, hein ?

– Oui, j’ai compris, mais j’ai vraiment mal, j’en ai marre, je veux que ça s’arrête !

– Tu as bien compris, n’est-ce-pas, la mort, la nuit, et tout et tout ?

– Oui, oui, je veux que ça s’arrête !

– Tu ne reverras plus papa, ni maman, ni doudou…

– Oui, oui, je veux que ça s’arrête !

– Bon, d’accord.

On sait ce que valent les restrictions face à l’institutionnalisation des pratiques : on instrumentalise des cas, on officialise une exception à un principe, on avalise la dérogation, on la banalise, puis on la normalise. L’interdit devient droit, le droit dû puis dogme. C’est ce qui s’est passé de 1975 à 2013 avec l’avortement en France. C’est ce qui risque de se passer demain si le législateur français suit la pente belge.

Nous y sommes. Car le jour même du vote au parlement belge, on parle à l’assemblée nationale de détricoter la loi Léonetti, loi de consensus, pour instituer le suicide assisté. On a bien détricoté le Code civil pour imposer le mariage et l’adoption des couples de même sexe, et détricoté la loi Veil pour supprimer la notion de détresse dans le recours à l’IVG, alors pourquoi ne pas continuer sur cette lancée qui correspond, n’en doutons pas, aux impérieuses priorités du pays ?

Mais quel est l’enjeu derrière ces inquiétantes régressions socio-médicales ?

Rien de moins que la définition de la vie bonne.

La légalisation de l’euthanasie repose sur l’effroi universel devant la maladie, la dégradation, la dépendance, toutes choses qui, croyons-nous, menacent notre dignité. Quand la douleur paraît intolérable, la mort devient désirable. Et l’assistance au suicide prend un air charitable.

Et au fond, qui suis-je, moi bien-portant, pour juger cela ?

Je m’interdis de juger les désespérés. Je pense simplement que s’ils le sont, c’est aussi, sinon surtout, parce qu’on les désespère : au même moment qu’on lutte contre les stéréotypes de genre, on exalte par la publicité et les pratiques de sélection les stéréotypes de la beauté plastique, de la santé, de la productivité. Les difformes qu’on a laissé vivre, par négligence sans doute, les infirmes qui ont réchappé à l’avortoir, voilà qu’on les pousse à l’abattoir. L’euthanasie est soeur de l’eugénisme : Malheurs aux anormaux ! Ils n’auront pas le droit de vivre. Quel sera le nom de la troisième Parque ?

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